Abstract
Les rapports qu’entretient un peuple avec son territoire sont complexes et multidimensionnels. Le cas de l’Arctique canadien fournit un bon exemple de cette complexité. Je m’attarderai ici à l’un de ces rapports, l’appropriation symbolique du territoire par les Inuit, à travers leur toponymie religieuse et leur conception des sites et espaces sacrés. Si la question de la toponymie religieuse est simple en apparence, en ce sens qu’un terme à connotation religieuse peut facilement être repéré par quelqu’un qui connaît bien la langue et la culture des Inuit, nous verrons plus loin qu’il en est souvent tout autrement, car le religieux a tendance à se dissimuler sous des figures de style, métaphore, métonymie, ou déplacement de sens, comme le vocabulaire chamanique nous en offre un bel exemple. Si la conception des sites et des espaces sacrés relève en effet de la tradition orale, elle s’inscrit également dans la pratique religieuse et dans les croyances qui lui sont associées. Or, plus on s’éloigne dans le temps du chamanisme actif, plus il devient difficile d’en retrouver les traces et le sens. Ce sont ces divers niveaux de complexité, que je voudrais faire ressortir dans cet article, correspondant à la première phase d’une recherche en cours.

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