Abstract
Bien que la répétition joue un rôle majeur dans les textes littéraires, éviter les répétitions est l'une des normes les plus fréquentes en traduction. Au point qu'il serait plus approprié de parler d'un des "universaux" de la traduction. Pour éviter les répétitions, on a recours à des techniques diverses, allant de la suppression pure et simple au remplacement par des synonymes. Quand ces solutions s'avèrent impossibles, le traducteur peut se résoudre à "annoncer" (souligner) la répétition. Éviter les répétitions est une stratégie dominante dans la traduction de textes "canonisés", aussi bien que "semi-canonisés", la seule différence résidant dans le nombre de cas relevés et dans l'audace de la solution. Dans les textes semi-canonisés qui ont subi un changement de genre au cours du processus de traduction, éviter les répétitions doit être considéré comme faisant partie d'un complexe normatif plus large. Pour la littérature non canonisée, les "libertés" que se permet le traducteur sont telles qu'il serait peu rentable de rechercher un équivalent adéquat des répétitions. Dans le cadre global des normes, des répétitions sont parfois ajoutées en traduction. Elles sont, cependant, de nature différente, suscitées par des contraintes répertorémiques, normatives. Tant la rigidité que la récurrence de cet "universel" en matière de traduction, dans des langues et des systèmes littéraires si nombreux, donnent à penser qu'on peut conclure que des considérations d'adéquation cèdent le pas à des considérations d'acceptabilité dans la culture-cible.