La promesse dans les addictions : de la reconnaissance de soi à la reconnaissance mutuelle selon Hannah Arendt et Paul Ricœur

Abstract
La promesse est indispensable à tout processus thérapeutique. Elle paraît même en être le préalable incontournable. Avec les patients avec des addictions, l’importance de la promesse est peut-être encore plus évidente parce que la fiabilité de leur parole est souvent mise en doute. C’est pour cela que sont examinés dans cet article les enjeux éthiques de la promesse en addictologie à partir des travaux d’Hannah Arendt et de Paul Ricœur. Pour ces auteurs, la promesse s’articule, d’une part avec la mémoire, pour former une dialectique presque superposable à celle entre l’identité et l’altérité, et, d’autre part, avec le pardon pour permettre la continuation de l’action face à l’irréversibilité du passé et à l’imprédictibilité de l’avenir. La promesse permet ainsi d’ouvrir le parcours qui va de la reconnaissance de soi à la reconnaissance mutuelle. Mais trop promettre est dangereux. La promesse peut ne servir qu’à glorifier le soi en favorisant un repli identitaire. Le risque est aussi institutionnel et politique, la tentation de faire disparaître toute imprévisibilité pouvant mener à la construction d’un système totalitaire.