Abstract
Les chercheurs universitaires activistes, de par leur engagement critique dans les questions centrales actuelles et de par leur rôle dans la production et la dissémination du savoir, ont une occasion unique de remettre en question les orthodoxies dont nous avons hérité dans le milieu universitaire et dans le monde plus vaste dans lequel nous vivons. Dans le domaine des études africaines, ils ont servi de critiques puissants et ont produit des innovations substantielles au niveau conceptuel, méthodologique et épistémologique. Pour appuyer cette théorie, cet article examine trois questions intimement liées. Tout d'abord, nous procédons à une évaluation critique du concept de valeur-recherche libre-une notion couramment utilisée pour discréditer la recherche universitaire engagée en la considérant comme naturellement imparfaite. Ensuite, nous documentons la façon dont un nombre d'universitaires africains américains passionnément engagés dans la lutte pour la justice sociale et la fin de l'oppression raciale ont produit des travaux innovateurs sur l'Afrique bien avant que le domaine des études africaines n'obtienne sa légitimité universitaire dans la période qui a suivi la deuxième guerre mondiale. Enfin, nous soulignons une partie des contributions importantes que les universitaires et chercheurs activistes ont dédiées à l'étude de l'Afrique. La biographie intellectuelle de six importants africanistes-Claude Aké, Basil Davidson, Francis Deng, Susan Geiger, Joseph Harris et Walter Rodney-illustrent la façon dont l'engagement politique peut alimenter les innovations théoriques et méthodologiques.