Judges and Witches, or How is the State to Deal with Witchcraft ? Examples from Southeast Cameroon

Abstract
C. F. Fisiy & P. Geschiere — Juges et sorciers, ou Comment l'État traite-t-il la sorcellerie. Exemples du Cameroun du Sud-Est. Depuis la fin des années soixante-dix les tribunaux de l'État dans la Province de l'Est du Cameroun condamnent des sorciers et des sorcières, sans même avoir de « preuves tangibles ». C'est un renversement de la jurisprudence courante. Depuis les temps coloniaux les tribunaux poursuivaient surtout les féticheurs qui, aujourd'hui, apparaissent même comme témoins principaux dans les procès de sorcellerie. C'est surtout sur leur « expertise » que les juges basent leurs verdicts. Le présent article se fonde sur l'analyse de vingt-deux comptes rendus de tels procès devant la cour d'Appel de Bertoua et sur des recherches anthropologiques dans les villages maka de cette région. Ces procès s'insèrent dans une offensive plus large de l'État contre la sorcellerie considérée comme une force subversive. À maints égards les féticheurs y jouent un rôle clef. L'appel des juges à l'expertise de ces féticheurs est révélateur de l'ambivalence de l'élite elle-même vis-à-vis des forces occultes. Les résultats peuvent choquer certains et ils sont de plus, contre-productifs : le féticheur risque de devenir moins un thérapeute qu'un agent judiciaire, les sorciers ne sont plus guéris et la croyance aux forces occultes n'est pas érodée mais plutôt renforcée.Fisiy Cyprian F., Geschiere Peter. Judges and Witches, or How is the State to Deal with Witchcraft ? Examples from Southeast Cameroon. In: Cahiers d'études africaines, vol. 30, n°118, 1990. pp. 135-156
Keywords