Abstract
Dans le sillage de la crise économique camerounaise et de la disparition des voies transitionnelles pour les jeunes qui l'a accompagnée, l'incertitude politique et économique s'est transformée en une nouvelle forme de certitude sociale pour la jeunesse. Inspirée par des modèles d'excellence et de succès à l'échelle mondiale, et se percevant comme la génération "sans limites," elle a réagi en se traçant de nouvelles trajectoires biographiques. Tout en épousant des stratégies "contre le système," elle a opté pour l'émigration à l'Ouest, considéré comme "dernier port d'escale," à un moment de conjoncture historique où les pays de l'Ouest renforçaient la sévérité de leurs mesures d'exclusion et d'expulsion. A ceux qui ne pouvaient pas émigrer, le cyber-espace a offert un nouvel espace de rencontres. Dans le but de s'emparer du surplus d'énergie des jeunes non-migrants, les entrepreneurs politiques ont créé des groupes cherchant à infiltrer l'état. En règle générale, les jeunes ont eu tendance à remettre en question une hypothèse de base de ce qui a été appelé le "champ des possibles"-selon laquelle le succès est déterminé par le capital ou le bagage culturel.