Abstract
Cette étude vise à apporter une contribution à la « théorie de l’action conjointe en didactique (TACD) 1 », en travaillant la question de l’enseignement des œuvres. L’article fait fond sur une réflexion anthropologique et philosophique : si les hommes édifient des œuvres, des institutions, des civilisations (Meyerson, 1973), les professeurs ont à se porter responsables d’un monde (Arendt, 1972), et c’est bien ce qui est en jeu dans toute transaction didactique digne de ce nom. Comment construire, pour les élèves, des jeux didactiques autour des œuvres ? Comment rendre les élèves attentifs à ces objets de la culture ? Cette recherche est un mixte d’enquête clinique et d’ingénierie expérimentale : il s’agit de réfléchir aux moyens de concevoir des ingénieries coopératives (Sensevy & Mercier, 2007) d’œuvres que nous qualifierons de littéraires, et d’expérimenter de nouveaux dispositifs didactiques greffés sur les pratiques ordinaires de professeurs experts. L’ambition d’une telle approche éducative est de favoriser le développement d’une disposition aux émotions cognitives chez les élèves (Pouivet, 2008). Cette ambition s’inscrit dans un projet de reconstruction de la forme scolaire, où l’on met en jeu le sens du savoir (Go, 2007 ; Sensevy & Mercier, 2007). Mais cela soumet à la recherche deux problèmes qui se révèlent difficiles : celui de la position originale de l’observateur dans les cas de collaboration entre chercheur et professeur, et celui du rapport à l’épistémologie pratique du professeur (et à ses habitudes d’action) lorsqu’il est question, en fait, de développer des ingénieries coopératives.

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