Abstract
Les géographes français ont jusqu’à présent peu questionné leur rapport intellectuel et disciplinaire au terrain. En reprenant l’image de l’Arlésienne, cliché langagier de la présence/absence, l’auteur développe l’hypothèse d’une « fiction » collective, simultanément convoquée mais fort peu explicitée. L’article aborde successivement plusieurs registres d’analyse pour cerner les enjeux disciplinaires soulevés par une démarche réflexive sur le « terrain », objet de recherche. Trois approches sont privilégiées : la place et le statut du « terrain » dans les usages académiques et les analyses épistémologiques de la discipline, les relations complexes entre écritures scientifiques et factures littéraires (le géographe comme auteur), enfin les conséquences de la suprématie du visuel dans le rapport du géographe au terrain. L’article invite enfin à s’approprier collectivement une réflexion sur le « terrain » alors que les technologies numériques modifient en profondeur les codes de la représentation, en particulier visuelle.