Abstract
Pour une critique immanente des formes de vieUne critique des formes de vie est-elle possible ? Peut-on dire que des formes de vie sont bonnes, réussies ou même rationnelles ? Tandis que la philosophie a abandonné la question socratique de la vie bonne, la politique des démocraties libérales constitutionnelles se présente comme une manière d’organiser la coexistence en restant neutre quand aux différentes formes de vie. La façon dont nous devons vivre notre vie est reléguée à la sphère privée, comme une préférence singulière qui ne peut pas être questionnée. Dans cet article, l’auteur avance la possibilité d’une critique sociale immanente des formes de vie, dépassant ainsi les distinctions contraignantes entre l’éthique et la morale, la vie bonne et les principes moraux, le bien et le juste. Cela suppose d’expliquer d’abord ce que sont les formes de vie, comment elles fonctionnent, et quelle en est l’ontologie qui les rend réactives à la critique. Pour qu’une critique ne soit pas arbitraire, l’auteur montre ensuite que les raisons et les standards de la critique se trouvent dans la structure même des formes de vie, une fois qu’on les comprend comme des processus historiquement situés de résolution de problèmes. Les formes de vie sont donc en interaction avec leur critique ; celle-ci peut alors être immanente et émancipatrice.