Abstract
Bretonne d’origine et québécoise d’adoption, Marie Le Franc (1879-1964) a passé sa vie à faire des allers-retours entre les deux rives de l’Atlantique. Ses romans, tout comme ses récits de voyage, mettent en avant la relation de l’être humain avec l’espace : les paysages y jouent un rôle prépondérant, car ils déterminent à la fois l’intrigue, les traits des personnages, leurs passions et leurs actions. Il est proposé dans cet article de considérer ces oeuvres comme des romans géographiques, suggérant avant tout l’écriture (graphie) d’une région particulière de la Terre (géo), et d’étudier sous cet angle ce qui apparaît aujourd’hui comme la première incursion littéraire féminine dans la forêt nordique, à savoir le roman Hélier, fils des bois (Paris, Rieder, coll. « Prosateurs français contemporains », 1930). L’étude se base sur les théories multidisciplinaires du paysage et sur les réflexions concernant l’imaginaire de la forêt pour examiner deux axes complémentaires : la construction du paysage sylvestre et la dynamique de l’altérité. Étant donné qu’Hélier semble être l’émanation de la forêt entourant le lac Tremblant dans les Laurentides et qu’il joue un rôle de médiateur entre cette dernière et la jeune Française venue y prendre des vacances, l’altérité apparaît en effet comme le principe dynamique du récit.