Abstract
Présenté comme un « antépisode moderne au conte de Cendrillon », le roman Javotte de Simon Boulerice s’inscrit dans le courant des variations cendrillonesques, en référant aux versions de Charles Perrault et des frères Grimm, ainsi qu’à l’adaptation filmique de Walt Disney. Toutefois, il a la particularité de se recentrer plutôt sur le personnage de la demi-soeur, « tirée d’un conte de fées, mais catapultée dans son xxie siècle » (Javotte, p. 105), qui est tiraillée entre sa méchanceté et le fantasme obsessif de ressembler à une princesse. L’imaginaire archaïque du conte nourrissant l’intrigue y est ainsi détourné par la narratrice entretenant un rapport trouble avec ces oeuvres. Dans cet article, l’auteure cherche plus particulièrement à dégager la vision subversive et parodique que le roman propose de l’éclatement de la mémoire des contes merveilleux à notre époque, où l’« [o]n n’a plus les contes que l’on avait » (Javotte, p. 105), tout en montrant comment leur accumulation participe à l’ambiguïté identitaire de la narratrice, qui cherche simultanément à s’y comparer et à les mettre à mal.