Afrique-Eurydice: «Orphée noir» ou le mythe senghorien

Abstract
Léopold Sédar Senghor, poète de la négritude et intellectuel engagé, se lance à la recherche d’une identité noire dans un contexte colonial, en faisant appel à l’Afrique mythique d’un âge d’or perdu. Jean-Paul Sartre analyse ce mouvement naissant en transférant un personnage de la mythologie gréco-romaine vers le continent africain. Cet article, basé sur une approche comparative, montre que le renvoi au mythe classique fait du poète de la négritude un Orphée noir en quête de ses racines africaines pour en arracher la négritude, comme Orphée descend dans les entrailles de la terre pour y retrouver sa femme Eurydice. Contrairement au mythe initial, le mythe senghorien est tourné vers la redécouverte d’un passé mais également vers un avenir qui se caractérise par l’affirmation des valeurs culturelles africaines. L’âge mythique de la négritude n’aura pas été une quête stérile mais plutôt une étape transitoire en réponse au problème particulier de la place de l’Homme noir dans le monde et à la question universelle de l’acceptation de la différence.