Abstract
La musique d’aujourd’hui – et l’on en a déjà souvent débattu dans ce journal – tend décidément vers l’atonalité. Il ne me semble pourtant pas tout à fait juste de concevoir le principe tonal en complète opposition avec le principe atonal. J’aimerais bien plutôt affirmer que celui-ci est l’ultime conséquence d’une évolution graduelle issue de celui-là. Cette évolution, en effet, a toujours été graduelle : on n’y remarque absolument aucun trou, aucun saut forcé. Comme l’a établi Schoenberg dans son Traité d’harmonie, déjà le « développement », au sein de la forme-sonate, doit être considéré, d’un certain point de vue, comme un germe du principe atonal. Dans un sens élargi de l’expression, certes, car en fait il ne s’agit là que de mettre hors circuit la domination exclusive de deux tonalités (comme par exemple dans l’« exposition »), ou d’une seule (comme par exemple dans la « réexposition ») ; à sa place, on trouve une succession en un certain sens librement choisie de différentes to...