Abstract
Reprenant les quatre éléments fondateurs du “picarisme” mis en évidence par Maurice Molho dans un essai important des années 80 du siècle dernier (à savoir, la pseudo-autobiographie, la généalogie du héros, l’incarnation d’un pseudo-honneur et la critique sociale) cet article tente d’appréhender les différentes manifestations du pícaro ou de la pícara dans la production des auteurs qui, de manière plus ou moins intentionnée, cherchent à s’inscrire dans ce genre romanesque. Après avoir vérifié dans les œuvres représentatives du roman picaresque (Lazarillo, Guzmán, Justina, Buscón), que les quatre éléments caractéristiques s’y trouvent ―en particulier le quatrième concernant l’instance satirique― ; puis après avoir observé que Salas Barbadillo dans sa Hija de Celestina se propose de trahir le premier et le quatrième élément de Molho, l’auteur du présent article interroge les trois récits prétendument picaresques de Castillo Solórzano: La niña de los embustes, Teresa de Manzanares (1632); les Aventuras del bachiller Trapaza (1637); et pour finir, La garduña de Sevilla y anzuelo de las bolsas (1642). A travers ces œuvres on assiste à la progressive disparition de tous les ingrédients du picarisme et, du même coup, à la transformation des héros des romans en personnages hybrides ou ambigus, fortement contaminés par le monde courtisan et marqués par des éléments anti-picaresques. En ce sens, il est possible de parler de la mort du picarisme dans la production picaresque de Castillo Solorzano.