Abstract
L’invisibilisation du corps féminin trouve son point focal dans celle de son sexe. Alors que dans la société occidentale d’aujourd’hui les images de femmes nues abondent, surexploitées, commodifiées, sexualisées, celle du sexe féminin ne se montre qu’au bout d’un processus de manipulation et d’appropriation. Ce statut d’invu et d’irregardable, frôlant l’obscène et l’interdit, suggère que la figure de la Méduse mythique, et notamment sa relecture par Freud, continue à hanter l’imaginaire occidental. Sans évoquer la figure mythologique directement, Marguerite Duras, dans une série de courts récits – L’Homme assis dans le couloir, La Maladie de la mort, Les Yeux bleus cheveux noirs – a lancé un défi à la persistance de ce mythe en élaborant des scènes où une femme offre son sexe à voir, à un homme. Il s’agira d’analyser les modalités de ces scènes où, à travers une focalisation masculine, se jouent les notions de l’obscène, de l’apotropaïque et de l’abject, et une mise en crise de la différence sexuelle.