Abstract
Reviews 215 un amour secret qu’ils pensent être hors du commun. Leur différence d’âge—elle a quarante-cinq ans, il en a soixante-dix—et leur élitisme social leur permettent de vivre une passion affranchie du quotidien mais ne leur épargnent ni jalousie ni manque. Marié à Irma, brillante professeure de littérature à l’université de Turin, Gigi mène une vie routinière où l’accoutumance a fait disparaitre toute intimité. Conscient de sa mortalité, Gigi retrouve une nouvelle jeunesse auprès de Clara: “Cet amour qu’il n’attendait plus, il m’a dit un jour qu’il le goutait intensément parce qu’il savait que c’était le dernier” (127). De son côté, Clara est heureuse avec Ron, un professeur de physique “au sommet de sa carrière à Princeton” (53) et s’épanouit dans son travail. L’arrivée de Gigi bouleverse cependant ses certitudes. Elle est subjuguée par cet homme engagé, hanté par la mort mystérieuse de son père communiste et admiratif d’une mère romancière aimante: “Le poids des ans, les visages sculptés, le dessin des rides, les cheveux blancs, même les lunettes... tout ça m’a toujours paru aussi rassurant qu’attirant. [...] Gigi le protecteur répondait parfaitement à ce tropisme insolite”(131). Au-delà de leurs opinions politiques et goûts cinématographiques divergents, Clara et Gigi vivent pleinement cet “amour clandestin doublé d’un amour vieux” (150) qu’ils nomment “Bliss. Gioia. Joie” (157). Ce premier roman relate, de manière sensible et tendre, une belle histoire d’amour qui prône le sentimentalisme et le droit au bonheur à tout âge. Outre un penchant évident pour Stendhal (61), le récit abonde en références cinématographiques: sont cités les grands réalisateurs italiens tels que Rossellini, Rosi ou Fellini ainsi que des films comme La bataille d’Alger (Gillo Pontecorvo, 1966), Le guépard (Luchino Visconti, 1966) et Un homme et une femme (Claude Lelouch, 1966). Sur fond de dolce vita et de paysages méditerranéens, Joie nous plonge dans une Italie mythique propice à l’art de la séduction et aux amours multiples. Mélangeant les modes d’écriture et de communication—journal intime, emails, interview, conversations téléphoniques—l’auteure illustre magnifiquement la plénitude amoureuse nourrie de liberté, de volupté et d’affinités intellectuelles. Cette rêverie littéraire s’achève sur une invitation ronsardienne, celle de cueillir le présent, sachant pertinemment que le “temps fiche le camp” (175). Siena College (NY) Nathalie Degroult Mansouri, Saber. Une femme sans écriture. Paris: Seuil, 2017. ISBN 978-2-02-1312904 . Pp. 350. In 2013 this author published Je suis né huit fois, a semi-autobiographical novel in which Massyre, a professor of history in France, recounts his youth in Tunisia. In this second novel, Massyre, now a historian living in Paris, has written to his mother, Mabrouka, after fifteen years of silence to ask for her reminiscences and photographs so he can write about her life. She is indignant because he has been silent for so long and because she wants to remain “la femme qui mange son verbe” (11) and live in “le silence et la malédiction” (309). Between her immediate reply chastising her son and her eventual reply to his inquiry, we read Mabrouka’s great-grandmother Sihème’s account of her life as told to her daughter, Gamra; Gamra’s account to her daughter, Zina; and Zina’s to Mabrouka. A three-generation history of French colonialism in Algeria and Tunisia and the resistance to it forms the backdrop to their lives, as does the immaturity of nearly all of the males they have to deal with. The men wage war incompetently, force women to marry them or their sons, betray their wives, stand on their pride, and generally make a mess of things. In contrast, in the city of La Calle (now officially Kalla), Sihème founded the impressively-named Cité des femmes affranchies et autarciques de l’Est algérien, whose tradition of educating women has strengthened her female descendants. Each has educated her daughter(s...