Abstract
Impossible pour moi de parler de l'oeuvre de Gilbert Hottois sans évoquer des souvenirs personnels. Ma première rencontre avec Gilbert remonte à 1985, il y a plus d’un quart de siècle. Je devais présenter l’examen du cours «Les grands courants de la philosophie». Pour l’occasion, j’avais lu attentivement le syllabus, un condensé de l’histoire de la philosophie occidentale en cent pages bien étayées. Je n’étais, à vrai dire, qu’à demi-rassuré en pénétrant dans son bureau du deuxième étage de l’Institut de philosophie, au 143 avenue Buyl, à Ixelles. A l’époque, je terminais pourtant des études de médecine et j’avais une certaine expérience des examens, certainement plus que les étudiants de première candidature en philosophie qui attendaient terrorisés dans le couloir. Ce fut ma première rencontre avec Gilbert et, je pense, la seule fois où j’eus l’occasion de discuter avec lui des preuves de l’existence de Dieu chez saint Anselme. Ce fut aussi, et je ne m’en doutais évidemment pas, le début d’un long parcours académique mené d’abord sous sa direction puis, à ses côtés, et le début surtout aussi d’une longue amitié. L'époque était tant autre en 1985. Cette année-là, dans la salle aux lambris du premier étage de l’Institut de philosophie, Jean Paumen, le professeur Jauret de Species Technica, qui avait été le directeur de thèse de Hottois, commentait Kant ou nous parlait des trois formes de l’ennui chez Heidegger; c'est là aussi que la fumée se dégageant de son cigarillo donnait des airs mystiques à Marc Richir, lui qui essayait de nous faire comprendre les arcanes de la phénoménologie de Husserl ou l'intérêt philosophique du mystérieux comportement des particules quantiques; quant à Pierre Verstraeten, le cours qu'il y donnait était un spectacle brillant visant à entretenir malicieusement le caractère hermétique de la philosophie de L’Etre et le Néant; Gilbert Hottois, pour sa part, se contentait d'y commenter sobrement, avec clarté et rigueur, son dernier ouvrage, Le Signe et la Technique, dans lequel il introduisait le concept de transcendance noire et s'insurgeait contre l'inflation du langage dans la philosophie contemporaine. Un an plus tard, il allait fonder le CRIB, le Centre de Recherches Interdisciplinaires en Bioéthique, et devenir un théoricien renommé de cette discipline qu'il considérait comme une branche de la philosophie des technosciences. En notas escritas para un proyecto autobiográfico, Hottois había esbozado una breve cronología sintética de la evolución de sus temas de interés. En los años 1950-1960, el joven Hottois estaba fascinado por la ciencia ficción. En 1973, a los diecisiete años, se licenció en filología romana en la ULB, luego estudió filosofía. Publicó su tesis doctoral y sus primeros libros de filosofía entre los años 70 y 80. En 1981, escribió una novela de ciencia ficción, Species Technica, antes de publicar en 1984 el libro Le Signe et la Technique, que le asegurará su éxito internacional. Desde 1985 hasta principios de la década de 2000, su vida profesional se centró en la bioética, de la que se convirtió en un especialista de renombre mundial. Pero, es sobre todo la filosofía de la tecnociencia y la cuestión del futuro del hombre en un futuro lejano lo que le fascina. Al final de su carrera, volvió al estudio de la ciencia ficción y la cuestión del transhumanismo. Seguiré este orden cronológico para analizar la evolución del pensamiento de Gilbert Hottois que, en mi opinión, gira en torno al tema de la transformación a largo plazo de lo humano por la tecnociencia.