La Horde sauvage

Abstract
Véritable biographie orale du film, La Horde sauvage est un livre sur l’Amérique. Entre les strates de l’ancien et du Nouvel Hollywood, W.K. Statton délivre un tour de force où tous les protagonistes sont présents : de John Ford à Sergio Leone, de John Wayne à Dennis Hopper, de Pancho Villa à Richard Nixon, américains et mexicains, musiciens et cascadeurs, tous composent cette épopée de feu et de sang. Chaque portrait, qu’on dirait saisi par l’œilleton de Walker Evans, déploie un thesaurus incomparable sur l’histoire du genre, le western et son ethos. La Horde sauvage démontre la difficulté de faire carrière à la fin des années 60 dans une industrie du film en pleine mutation et un monde en effervescence (Guerre au Vietnam, révoltes étudiantes). En résulte l’audace inconsciente et forcenée d’un réalisateur maudit, qui croit encore aux vieilles valeurs de l’Ouest dont il est issu. Sam Peckinpah est un Rubens hanté qui documente le travail harassant des wranglers, cowboys d’un autre temps, et la géographie infernale du désert. Voici un journal de bord illuminé sur la genèse du film (un labeur) et du tournage (un enfer), une plongée dans le Far West au temps de la Révolution Mexicaine, théâtre de l’autodestruction illimitée. C’est aussi un récit de guerre visionnaire. Pirates hostiles au rêve préfabriqué de l’usine à rêves mais rétifs au cauchemar technicisé qu’ils sentent venir à l’orée des années 70, le cinéaste et sa bande sont un clan hors-normes. La Horde sauvage est un film coup de poing, un film admiré des plus grands cinéastes (Scorsese, Tarantino ) qui s’en sont nourris, et un western UNIQUE qui condense tous les westerns et atteint aujourd’hui le statut d’ œuvre d’art.